Léon Landini

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Léon Landini
Illustration.
Léon Landini lors d'un débat à propos du film Les Jours Heureux au festival de Mouans-Sartoux, en 2013.
Fonctions
Membre puis sous-lieutenant des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée

(3 ans)
Président du Pôle de renaissance communiste en France

(2 ans)
Biographie
Date de naissance (98 ans)
Lieu de naissance Saint-Raphaël (France)
Nationalité Français
Parti politique PCF (1942-2004)
PRCF (depuis 2004)
Profession Exploitant forestier
Restauration collective
Distinctions Médaille de la Résistance française
Chevalier (1992) puis officier (1998) de l'Ordre national de la Légion d'honneur

Léon Landini, né le à Saint-Raphaël (Var), est un militant communiste et résistant français d'origine italienne, membre des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI).

Il est l'un des fondateurs, en 2004, du Pôle de renaissance communiste en France (PRCF), parti dissident du Parti communiste français (PCF).

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et famille[modifier | modifier le code]

Son père, Aristide Landini, charbonnier originaire du village de Torniella en Toscane et « rouge pur et dur », avait émigré en France en 1921 pour fuir la répression fasciste[1]. Engagé dans la Résistance, comme FTP-MOI, il est arrêté avec son fils aîné, Roger Landini, par l'armée italienne d'occupation, en mai 1943 à Saint-Raphaël et torturé. Ils s’évadent tous deux en novembre 1943 au cours de leur déportation en Allemagne[2],[3].

Engagement dans la résistance[modifier | modifier le code]

Pendant l'occupation allemande[4], Léon Landini adhère au parti communiste clandestin en novembre 1942 à l'âge de 16 ans, en même temps que son père et son frère aîné[a]. Il rejoint les Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI)[4].

Actions dans le Var[modifier | modifier le code]

Le , il participe au sabotage de la voie ferrée qui relie Saint-Raphaël à Cannes[5], provoquant le déraillement d'un train de marchandises allemand[6]. Au sein de son groupe FTP-MOI, il prend part également au sabotage d'une mine de bauxite à Brignoles le 26 février 1943, puis à l'attaque d’un baraquement de l’armée italienne à Fréjus-Plage le 4 mars de la même année. Après le dépôt infructueux d’une bombe à l’Hôtel Bellevue de Saint-Raphaël, Il est envoyé dans la Creuse pour y rejoindre le maquis FTP dirigé par Jean-Baptiste Virvialle[7].

Actions à Lyon[modifier | modifier le code]

Plaque commémorative des victimes des nazis à la prison Montluc.

Son action dans la résistance se poursuit jusqu'à Lyon où, de mai à , il participe à des attaques contre des soldats allemands, à des destructions de véhicules militaires, des déraillements, ainsi qu'à la mise hors service d'usines travaillant pour l’occupant[7]. Lors d'une opération visant un garage tenu par les Allemands, Léon Landini fait la connaissance du résistant Alter Mojsze Goldman : « Deux résistants faisant partie d'un groupe de combat juif sont alors venus me prêter main-forte. Parmi eux, il y avait cet homme, un peu plus âgé. Il m'a dit : Moi, je viens avec toi. Voilà comment tout a commencé entre moi et Albert, comme tout le monde l'appelait »[8].

Arrêté le 25 juillet 1944, il est torturé par les miliciens français sous l'autorité de la Gestapo lyonnaise au sein de la prison Montluc[b],[4] : boîte cranienne enfoncée, vertèbres cervicales abimées, testicules écrasés. Le 24 août 1944, à la suite de l'insurrection de Villeurbanne, déclenchée notamment par le Bataillon Carmagnole-Liberté et obligeant les gardiens allemands à déguerpir en laissant la porte principale ouverte, les détenus, dont Léon Landini, brisent la porte de leur cellule et se libèrent[9]. Il reprend alors le combat à la tête d’une compagnie de 180 soldats avec le grade de sous-lieutenant[7],[2].

Retour à la vie civile[modifier | modifier le code]

Après la Libération, il est hospitalisé à diverses reprises jusqu’en février 1946, où il est démobilisé[7].

De retour à Saint-Raphaël, il devient exploitant forestier et fonde une famille puis, en 1963, s’installe dans la région parisienne, où il travaille dans la restauration collective[10]. À Montrouge, Léon Landini retrouve Alter Mojsze Goldman[c], rencontré en 1944 à Lyon[8] et avec qui il se lie d'amitié[6].

Co-fondation du Pôle de renaissance communiste en France[modifier | modifier le code]

À partir des années 1990, il s'oppose à la transformation du PCF par Robert Hue et fonde, en 2004, avec Georges Gastaud et Georges Hage, un parti alternatif, le Pôle de renaissance communiste en France. Il en est élu président en 2004[11], puis président délégué en 2006, 2008 et 2011.

Participation à l'appel des Glières[modifier | modifier le code]

En 2011, il est l'un des signataires en 2011 de l'Appel de Thorens-Glières aux côtés de Raymond Aubrac, Daniel Cordier, Stéphane Hessel, Pierre Pranchère, Georges Séguy et d'autres figures de la Résistance[12],[13], demandant aux candidats à l'élection présidentielle de 2012 de ranimer les idéaux de la Libération et de retrouver les valeurs incarnées en 1944 dans le programme du Conseil national de la Résistance intitulé Les Jours Heureux.

Décorations[modifier | modifier le code]

Grand mutilé de guerre et décoré par l'Union des républiques socialistes soviétiques pour faits de résistance[précision nécessaire]. Léon Landini est titulaire des décorations suivantes :

Mémoire[modifier | modifier le code]

Plaque du square Bataillon Carmagnole Liberté.
Léon Landini et Gilles Perret à Mouans-Sartoux en octobre 2013.

Léon Landini est président de l'amicale des anciens FTP MOI des bataillons Carmagnole-Liberté[14],[16]. Avec Henri Krischer, il a réuni et donné, au musée de la Résistance nationale, les archives de nombres d'anciens membres, notamment des biographies et des photos, dont certaines prises par les tortionnaires de Vichy[17].

Le bataillon Carmagnole-Liberté, longtemps occulté de la mémoire collective, doit attendre 1982 pour être honoré par une plaque dans un square de la ville de Villeurbanne à l'initiative de Charles Hernu[18], alors ministre de la Défense après la victoire de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981.

En 2005, Léon Landini fait campagne, avec Pierre Mansat, conseiller communiste à la mairie de Paris, et Bertrand Delanoë, le maire de Paris, pour que soit donné à une petite place du XXe arrondissement le nom de Joseph Epstein, dit Colonel Gilles, militant communiste juif d'origine polonaise et dirigeant des FTP-MOI à Paris, initiateur des tactiques de guérilla urbaine employées dans la capitale, fusillé au fort du Mont-Valérien le [19].

Le témoignage de Léon Landini sert de fil conducteur au documentaire de Gilles Perret, Les Jours heureux en 2013[20], retraçant l'historique du programme du Conseil national de la Résistance[21] qui « portait les espoirs de milliers de combattants de l'ombre » et devait donner naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d'entreprises[10].

Léon Landini, dernier survivant des combattants communistes FTP-MOI, est convié, tardivement, à la panthéonisation des époux Missak et Mélinée Manouchian du 21 février 2024. Il est alors placé au premier rang dans la Garde d’honneur, à côté d'un autre résistant, Robert Birenbaum. Par ailleurs, Léon Landini se déclare opposé à la présence à cette cérémonie de représentants du Rassemblement national, qu'il considère avoir combattus pendant la guerre[16],[22].

Publication[modifier | modifier le code]

  • Réponse à Michel Onfray et Autres textes sur la Résistance et l'engagement, Éditions Delga, , 164 p. (ISBN 978-2-915854-86-2)

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En effet, le 11 novembre 1942, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation et pénètrent la zone libre. La résistance intérieure française s'intensifie.
  2. La prison Montluc est alors gérée directement par Klaus Barbie, officier de police SS.
  3. Alter Goldman est le père de Jean-Jacques Goldman, Pierre Goldman et Robert Goldman.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Pierre Besse, « Landini Aristide », sur Le Maitron, (consulté le )
  2. a et b « Tous furent condamnés à mort et fusillés le 21 février 1944 », L'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) Robert Gildea, Fighters in the Shadows: A New History of the French Resistance, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, , 615 p.. Traduit en français sous le titre Comment sont-ils devenus résistants ? - Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945), Groupe Margot, 2017, 601 p.
  4. a b et c Portait de Léon Landini, portail Les Résistances, sur France Télévision.
  5. Alain Vincenot, La France résistante : Histoires de héros ordinaires, Éditions Des Syrtes, , 206 p.
  6. a et b Eric Le bourhis, Le mystère Goldman - Portrait d'un homme très discret, PRISMA, , 206 p. (lire en ligne).
  7. a b c et d Jean-Pierre Besse, « Landini Léon », sur Le Maitron, (consulté le ).
  8. a et b Sophie Delassein, « Les secrets de Goldman », L'Obs,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. Marc André, « Une prison pour mémoire. Montluc, de 1944 à nos jours », sur Open Edition Books (consulté le ).
  10. a et b « Léon Landini, 88 ans et toujours résistant », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  11. (en) G. G. Raymond, PCF and Front de Gauche: exploiting a communist nostalgia in France?, Twentieth Century Communism: A Journal of International History, 11(11), 2016, p. 115-129 : « After various incarnations, these endeavours resulted in the launching of the Pôle de renaissance communiste en France (PRCF) in 2004, with Léon Landini as its president and Georges Gastaud as its national secretary ».
  12. « L'appel d'anciens résistants aux jeunes générations », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  13. « l'appel de Thorens-Glières », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  14. a et b « Léon Landini, officier de la Légion d'honneur », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  15. « Accueil - Mémoire des hommes », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  16. a et b Elsa de La Roche Saint-André, « CheckNews. Panthéonisation : l’Élysée avait-il évincé de la cérémonie Léon Landini, dernier survivant du groupe de résistants de Missak Manouchian ? », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. (en) Robert Gildea, Fighters in the Shadows: A New History of the French Resistance, Cambridge (Mass.), Harvard University Press, , 615 p., p. 479 : « Carmagnole-Liberté itself established a powerful group memory thanks to the work of former militants such as Henri Krischer and Leon Landini. The latter donated its rich archives, with biographies and photographs of scores of former members, some taken by the Vichy authorities after torture, to the Musée de la Résistance nationale. Landini has spoken in the name of the group on many occasions ».
  18. Vincent Veschambre, « Production et effacement des lieux de mémoires dans une commune-centre anciennement industrielle : le cas de Villeurbanne (France) », sur Articulo (journal) (en) Journal of Urban Research, (consulté le )
  19. (en) Nigel Saint, (University of Leeds), Joseph Epstein (1911−1944): The case of the forgotten Resistance hero rescued by the artist Pascal Convert, sur pascalconvert.fr, Textes critiques, 2013 : « On 11 April 2005 the small Place Joseph Epstein in Paris’s twentieth arrondissement was inaugurated, following a campaign by Léon Landini, former MOI member in Lyon, Pierre Mansat, Communist city councillor in Paris, and Mayor of Paris Bertrand Delanoë (…) Convert has done justice to Joseph Epstein’s wartime achievements as a Communist militant, in particular regarding his development of urban guerrilla warfare tactics as a Resistance leader in Paris and his role as, in Landini’s words, ‘notre père à tous’ (Convert, 2007a). ».
  20. « Pontchâteau. Résister pour bâtir un idéal : un film et un débat au ciné », Ouest France,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Jacques Mandelbaum, « Les Jours heureux », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. Thomas Saint-Antonin, « La colère de Léon Landini, Résistant un temps écarté de la Panthéonisation de Manouchian », L'Internaute,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Claude Collin, Carmagnole et liberté : les étrangers dans la Résistance en Rhône-Alpes, Presses universitaires de France, , 180 p. (divers passages consacrés à Léon Landini).
  • Grégoire Georges-Picot, L'innocence et la ruse. Des étrangers dans la Résistance en Provence (1940-1944), Tiresias, , p. 70
  • Robert Gildea, Comment sont-ils devenus résistants ? Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945), Groupe Margot, , 601 p., p. 479.
  • Gilda Landini-Guibert, Le fil rouge, Delga, , 563 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]